Rubrique Voyages Parallèles

Voyages parallèles – J’ai rencontré ma vie antérieure en voyage à Jérusalem

Mémorial Shoah Yad Vashem
Illustration de HeyTon's
Rubrique Voyages Parallèles

Voyages parallèles – J’ai rencontré ma vie antérieure en voyage à Jérusalem

Mémorial Shoah Yad Vashem
Illustration de HeyTon's

L’expérience paranormale la plus impressionnante que j’ai vécue en voyage

par Aya Gogishvili

Une fois encore, envolez-vous avec moi pour arpenter la terre bouleversée du Moyen-Orient. Nous sommes plus précisément de retour à Jérusalem. J’ai 18 ans, des étoiles dans les yeux, de l’appétit de découverte plein le cœur, et je suis en train de vivre l’un des voyages les plus bouleversants de mon existence. Avec mes parents, nous sillonnons ce pays magnifique, passionnant et dramatique pour découvrir un maximum de choses en quelques semaines. Ma’sada, la Mer Morte, le souk de Jérusalem, canyon de Mitzpe Ramon, Bethléem…

C’est la première fois que je découvre le désert, la première fois que je mets les pieds dans cette partie du monde. Comme je l’ai plusieurs fois raconté sur Voyages en Terres Contées, presque 14 ans après, je repense souvent à mes pérégrinations en Terre Sainte. Mais je suis là pour vous raconter une nouvelle histoire. Car cette terre bouleversée m’aura offert, entre autres choses, l’une de mes expériences spirituelles les plus impressionnantes qu’il m’ait été donné de vivre. 

Le Mémorial de la Shoah à Yad Vashem

Une histoire traumatique qui ne m’appartient pas

L’expérience que je vais vous raconter constitue la principale raison pour laquelle je ne remets pas en cause l’existence de vies antérieures. Jusqu’à aujourd’hui, je m’en souviens comme si c’était hier. Tout d’abord, il me faut préciser que je me suis toujours sentie très concernée par les événements de la Shoah. Je ne saurais expliquer pourquoi, mais depuis mon enfance, je me sens bouleversée lorsqu’on évoque la Seconde Guerre Mondiale et le sort des Juifs dans les camps de concentration. C’est presque comme si j’avais perdu un proche pendant le génocide : l’impact émotionnel de ces vieilles archives sur moi va bien au-delà de ce que devrait ressentir une personne issue d’une famille non-juive.

Lorsque je m’informais sur le sujet, il m’arrivait souvent de pleurer d’émotion, en me mettant à la place de toutes ces vies brisées par le fascisme. Et pourtant, je n’ai pas d’ancêtre d’origine juive. Ma famille a fait partie de cette majorité silencieuse qui a laissé faire le régime sans protester. En tous cas à ma connaissance. Je n’avais donc pas de quoi expliquer ce sentiment de deuil profond qui me submergeait à l’évocation de la Shoah.

Le Mémorial de la Shoah à Yad Vashem

En Israël, dans les quartiers juifs de Jérusalem, il est possible de visiter le Mémorial de Yad Vashem. Ce lieu de mémoire contient un musée dédié au souvenir des victimes du régime nazi, qui tente de documenter le plus précisément possible le destin de plusieurs juifs européens pendant cette période. Les nombreuses salles exposent une impressionnante collection de photos, de possessions matérielles, et racontent la guerre de manière détaillée à l’échelle de l’Europe.

On peut aussi y trouver un ordinateur recensant un maximum de noms de victimes. Chacun peut taper son état civil, pour voir si des noms y correspondent et potentiellement retrouver un aïeul. Cet ordinateur est situé dans une immense salle à l’ambiance solennelle, où sont consignés les noms et prénoms des victimes dans un registre numérique. Comme on peut s’en douter, mes parents et moi décidons d’aller visiter Yad Vashem, lors d’une journée marquée par la chaleur écrasante du soleil désertique. J’ai toujours été sensible au devoir de mémoire, et mes parents aussi. 

Les ombres squelettiques du ghetto

La visite du musée

Après quelques dizaines de minutes de bus et une courte marche, nous arrivons face à un check-point. Mes parents marchent en discutant, et je suis à la traîne. En passant le poste de garde, les soldats israéliens saluent mes parents en anglais. Lorsque j’arrive, ils font de même en hébreu. Mes parents et moi rions de cette méprise : il est vrai qu’un soleil un peu fort mâtifie facilement ma peau, et me donne vite un type arabe ou israélien. Nous nous dirigeons vers le bâtiment principal, achetons nos billets puis nous munissons d’audioguides pour entamer la visite.

Dès les premières salles, je me souviens très bien de l’émotion qui m’envahit. Je me laisse aller à écouter la voix en français dans mes écouteurs. Ainsi, je suis la visite sans avoir à traduire les panneaux. Je découvre les objets, qui ont compté pour des gens, dont la vie a été balayée par le fascisme, l’horreur, l’ignominie de la cruauté humaine… Je contemple leurs visages souriants sur les photos en noir et blanc… Et un grand sentiment de tragique absurdité m’envahit. Comme à chaque fois que je me plonge dans cette histoire, je n’arrive pas à comprendre comment une telle ignominie a pu se produire. Et je ne suis pas loin de laisser mes larmes couler.

Nous suivons le fil de la visite, jusqu’à arriver à la salle dédiée au ghetto de Varsovie. Dans cette salle, une rue du ghetto a été reproduite à l’aide de pavés, lampadaire et mobilier urbain. Tout ce qui est dans cette salle provient réellement de Varsovie, là où les crimes ont été perpétrés. Là où la population juive est morte de faim, enfermée, enterrée derrière des murs infranchissables. Je contemple cette rue, marche un peu et commence à lire les panneaux explicatifs. Vient un moment où, sans trop savoir pourquoi, je retire mes sandales et pose mes pieds nus sur les pavés.

D’où viennent ces visages ?

Au moment où ma peau entre en contact avec le sol, j’entre brusquement dans un état de transe, ou de conscience modifiée. Ma vision se trouble, ce qui est autour de moi s’efface. Je ne vois plus la salle où nous sommes. Le son de mon audio-guide se fait lointain, jusqu’à ce que je ne puisse plus percevoir ce que raconte la voix. C’est comme si j’avais été emportée dans un tourbillon qui m’entourait totalement, et contre lequel je ne pouvais rien. Peu à peu, ma vision revient par à-coups. Je remarque que le paysage a changé. Des images me parviennent sous forme de flashs, qui se muent peu à peu en une vision nette.

Je vois un immeuble ancien, dont le crépi blanc se délite. Une porte à moitié ouverte est visible, ainsi qu’une fenêtre en hauteur. Devant le bâtiment, je vois deux hommes. Ils s’approchent de moi d’une démarche mal assurée. Ils portent des vêtements de style ancien, déchirés par endroits. Leurs visages sont maigres, leurs traits creusés. L’un d’entre eux s’avance vers moi. Pendant qu’ils viennent me retrouver, une ronde d’ombres blanches se forme autour de moi. Elles ont la taille d’enfants.

Je ne sais pas combien de temps cette vision a duré, probablement quelques secondes seulement. Toujours est-il que mon corps remet mes pieds dans mes sandales, tout aussi mécaniquement que la première fois. Je reviens alors instantanément à moi, pleinement et totalement. Je regarde autour de moi, incrédule. Tout a disparu. Les hommes en haillons, le crépi blanc, les ombres blanches. Je suis dans la salle du Ghetto de Varsovie, au Mémorial de la Shoah à Yad Vashem. La voix dans mon audio-guide est revenue, mes parents sont à quelques mètres de moi. Je ne comprends pas ce que je viens de vivre. Je reprends malgré tout mes esprits et la visite avec mes parents, sans leur parler de cet instant incroyable. Et nous revenons à notre voyage.

***

Par la suite, c’est en cherchant à me renseigner, en échangeant avec des connaissances et en prenant du recul sur cette expérience que j’ai compris ce qui m’était arrivé. Ce que j’ai vécu à Yad Vashem, dans la salle du ghetto de Varsovie, c’est une réminiscence d’une vie antérieure. Je le comprends, je le sais, sans pouvoir l’expliquer. Mes tripes me l’affirment. Le contact de mes pieds nus sur les pavés m’a ramenée un instant à un ancien passé que j’ai vécu, sur des pavés où je suis mort, alors que j’étais un homme juif d’environ une trentaine d’années enfermé dans cette prison à ciel ouvert. J’ai l’impression quand j’y repense d’avoir vu au travers d’yeux qui n’étaient pas les miens, en tous cas aujourd’hui.

Cette ancienne vie, j’ai encore aujourd’hui la conviction profonde de l’avoir touchée du doigt. Et qu’on y croie ou pas, peu m’importe. Comme toutes les expériences étonnantes que j’ai vécues, j’aime à les raconter pour leur côté extraordinaire… mais elles restent de l’ordre de l’intime. Tout comme mes croyances. Toujours est-il qu’une boucle a été bouclée, ce jour-là à Yad Vashem. Depuis que j’ai vécu cette expérience, je n’ai plus jamais ressenti cette trés puissante implication émotionnelle à l’évocation de la Shoah, que j’avais toujours connue auparavant. Comme s’il fallait que je comprenne qui j’étais auparavant, pour me libérer de ce deuil. C’est désormais chose faite.

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