Rubrique Carnet de Voyage

Vanlife (1/2) : voyager en van en 2025

Qui sont les vanlifers d’aujourd’hui ? Par où démarrer sa vanlife ? Quels sont les enjeux inhérents à cette nouvelle façon de voyager ? Enquête sur un terrain… vaste comme le monde !
Vanlife
Illustration de HeyTon's
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Vanlife (1/2) : voyager en van en 2025

Qui sont les vanlifers d’aujourd’hui ? Par où démarrer sa vanlife ? Quels sont les enjeux inhérents à cette nouvelle façon de voyager ? Enquête sur un terrain… vaste comme le monde !
Vanlife
Illustration de HeyTon's

par Aurore Blanc

Episode 1:  Zoom sur un phénomène en pleine expansion

Si le mot vanlife (de l’anglais van : « véhicule » et life :  « vie ») n’est pas encore entré dans le dictionnaire, il n’en occupe pas moins une place prépondérante dans notre sphère sociale, médiatique, et sur nos réseaux sociaux. Longtemps perçus comme des hurluberlus, les vanlifers  (personnes vivant en van) se traînent encore parfois une mauvaise réputation  : ils gâcheraient le paysage en se garant n’importe où, laisseraient derrière eux des montagnes de déchets, seraient sales, bruyants et ne respecteraient rien …  Pourtant, le phénomène vanlife fait de plus en plus d’adeptes, notamment depuis le COVID. En témoignent l’explosion du prix des véhicules aménageables, et l’apparition d’un nouveau marché florissant concernant le matériel lié à leurs possibilités d’aménagement.

Pourquoi cet engouement ? Qui sont les vanlifers d’aujourd’hui ? Quels sont les enjeux sociaux, écologiques et territoriaux inhérents à cette nouvelle façon de voyager ?

Pour répondre à ces questions, je suis allée le 12 avril dernier à la rencontre des vanlifers d’aujourd’hui et de demain au salon Vanlife Expo de Saint jaques de la Lande, à côté de Rennes.

La vanlife : un mode de vie

C’est quoi la vanlife ?

Quand j’ai demandé aux personnes rencontrées ce jour-là ce qu’était pour eux la vanlife, plusieurs mots se sont imposés. « Liberté » est celui qui est sorti le premier. On m’a aussi parlé d’ « adaptabilité », de « découverte », de « dépaysement », et beaucoup de « rencontres ».

Le mot vanlife (littéralement “vie en van”) va de pair avec l’idée de roadtrip (voyage sur la route). Ces deux mots issus de l’anglais évoquent avant tout le fait de se déplacer, d’être toujours en chemin. Mais ils impliquent aussi un certain mode de vie, une autre manière de découvrir le monde, de se rencontrer, de casser la routine et ses habitudes… en vivant dans un véhicule à quatre roues. Ce mode de vie n’est pas tout jeune ; il est né dans les années 60 aux États Unis, principalement porté par la communauté militante des hippies et l’arrivée sur le marché du fameux Combi Volkswagen. Les premiers vanlifers avaient déjà en tête un rêve : celui d’un autre modèle social plus libre et moins sédentaire permettant la rencontre.

Qui sont les vanlifeurs d’aujourd’hui ? 

J’ai été surprise de découvrir à quel point tout le monde pouvait se lancer dans la vanlife ! Mais il importe quand même de distinguer les habitant·es (dont c’est le seul logement) des vacancier·es (qui voyagent sur une période pouvant aller de quelques jours à plusieurs mois). 

Parmi les adeptes de la vanlife, on trouve des retraité·es qui veulent se libérer de la charge mentale liée à leur statut de propriétaire, des personnes seules qui cherchent un autre mode de vie… Mais aussi des trentenaires ayant des difficultés à accéder à la propriété, ou des saisonnier·es pour qui il est trop compliqué de trouver un logement à chaque nouveau job. Et même des familles ! 

Évidemment, vivre ou voyager en van modifie grandement les relations au sein du couple ou de la famille. Quoi qu’il en soit, cette typologie non exhaustive de vanlifers révèle un grand engouement pour ce mode de vie alternatif. Et pas seulement pour les bobos qui ont des sous de côté! Dans la vanlife, on peut commencer petit et se lancer avec un capital bien moins important que celui nécessaire à l’ouverture d’un prêt immobilier ou étudiant, par exemple.

Alors… par où commencer ?

Se lancer dans la vanlife… ou pas ?

Alors que j’imaginais la Vanlife Expo comme un simple étalage de gadgets hors de prix, j’ai été agréablement surprise de pouvoir assister à plusieurs passionnantes conférences. Ma préférée fut celle intitulée « Tout ce que vous n’avez jamais osé demander sur de la vanlife. » Une douzaine de personnes (dont des couples, des familles, des enfants, des artistes en vadrouille, et même de parents  avec un ado en situation de handicap!) étaient invitées à témoigner et à répondre en toute simplicité aux questions du public. Voici quelques réflexions que cette discussion m’a permis d’alimenter.

Pourquoi partir en van ?

À la question « Pourquoi partez-vous ? », la majorité des intervenant·es répondait en riant, comme si la question ne se posait même plus.

Il semble évident que le facteur « lâcher prise » est prépondérant. Nous sommes nombreux·es à prendre peu à peu conscience du rythme effréné que nous imposent nos sociétés occidentales. Jour après jour, il faut faire sans broncher son petit travail de rouage bien huilé dans la grande machine. Parfois jusqu’au burn-out

La vanlife est un moyen assez radical de s’extraire de la machine. Certes, on dépend fortement du cours du carburant. Mais à part ça, elle permet de se libérer très vite des contraintes quotidiennes et de trouver un dépaysement bienvenu. Je ne dis pas que la vanlife ne comporte pas de contraintes (nous y reviendrons) ni de routine. Mais elle constitue un mode de vie suffisamment différent de celui de nos sociétés sédentaires pour tourner notre pensée vers autre chose que nos charges mentales habituelles.

Le deuxième point saillant de ces échanges tournait autour d’une notion plus intime. La vanlife (et le voyage en général, selon moi) est aussi une manière de SE découvrir. Il s’agit donc de changer nos habitudes, mais aussi de voir de quoi on est capable. Choisir ce qu’on emmène et ce qu’on laisse derrière soi. Faire du tri. Et ainsi de développer de grandes capacités d’adaptation, notamment en cas d’imprévu.

La saga des « oui mais »

Oui mais c’est juste pas possible de tout laisser en plan ! À titre personnel, c’est le constat qui me saute au visage chaque fois que j’envisage de partir pendant plusieurs mois. Les témoignages que j’ai entendus m’ont confirmé que c’était le premier verrou à faire sauter. Les « Oui mais », on en trouvera toujours. Il faut donc passer au-delà et se lancer !

  • Oui mais l’argent ? Ça se gère aussi. Beaucoup de vanlifers acceptent en amont des « boulots alimentaires »  afin de mettre de l’argent de côté pour pouvoir faire des pauses de plusieurs mois. Et ils acceptent de vivre avec le minimum le reste de l’année, laissant de côté leur peur de manquer. L’une des témoins résume : « On n’est pas riches mais c’est un choix ! »
  • Oui mais les imprévus ? Ça fait partie du jeu, et ça permet d’apprendre à rebondir. Même – et peut-être surtout – dans des cas extrêmes. Si je ne devais vous donner qu’un exemple, je vous parlerais du neveu d’une de mes amies allemandes qui est tombé en panne au Mexique avec un très vieux van. Il a dû attendre des semaines que la pièce manquante lui soit envoyée par sa famille depuis l’Europe… Et il a survécu ! [Voir à ce sujet notre article « Voyage annulé : comment relativiser ? »]
  • Oui mais l’insécurité ? Il faut avoir conscience que certaines zones sont moins sécures que d’autres. Les incidents graves en vanlife sont rares, mais existent, malheureusement. Le plus simple, c’est d’être prêt·e à se déplacer vite en cas de problème. Une solution: laisser un accès entre l’habitat et la cabine conducteur pour pouvoir décamper en cas d’agression extérieure!
  • Oui mais… il faudra rentrer ! Le retour est toujours un moment particulièrement difficile. Le sentiment de décalage est immense : avec la société, les amis, la famille… Car il est impossible de tout raconter à celles et ceux qui ne sont pas parti·es ! Ayons conscience que montrer quelques photos ne permettra jamais de transmettre l’expérience vécue en profondeur. Et surmontons d’avance cette frustration. Jusqu’au prochain départ !

… Mais ça vaut le coup !

Je ne résiste pas au plaisir de vous partager, en contrepoint, les meilleurs souvenirs des personnes que j’ai entendues ce 12 avril. Parce que c’est aussi une motivation qui peut nous résoudre à partir.

  • La vanlife , c’est avant tout des rencontres, avec une immense variété de gens différents de ceux qu’on aurait croisés dans notre quotidien ( milieu social, cercle social, proches, travail…). Ce mode de vie pousse à une grande ouverture d’esprit, quels que soient notre éducation ou notre niveau de vie. Il s’agit d’un filtre nouveau pour voir le monde d’une autre manière. De l’intérieur. En vrai. Et pas seulement sur nos écrans ou dans les médias.
  • On est constamment surpris : on ne peut jamais TOUT prévoir, encore moins dans la vanlife que dans la vie quotidienne. Alors on apprend à s’émerveiller de tout et à profiter de chaque instant, avant les surprises de l’étape suivante.
  • Dans ce genre de projets, on peut partir de rien et arriver au bout d’un projet fou. Retaper une machine bonne pour la casse. Transformer un vieux van en école d’art itinérante. Suivre une route historique comme la route de la soie et en faire une BD. Parcourir un itinéraire culinaire à la recherche de nouvelles saveurs… 
  • La route est l’occasion de partager des moments privilégiés en couple, en famille, entre ami·es… Puisqu’on a de longues distances à parcourir, on a enfin le temps de se parler VRAIMENT. Alors, en roulant, on réapprend à se connaître, à affirmer nos valeurs, à penser le monde autrement.
  • La vanlife, c’est aussi un rapport privilégié à la nature. Personnellement, ce que je préfère, c’est ouvrir les portes arrière le matin et voir la brume se lever sur un étang inconnu. Prendre le petit dèj’ seule au milieu de rien. Ne plus avoir à penser à mon efficacité au travail ni à planifier quoi que ce soit… Arriver à être là.

Voici un premier tour d’horizon alléchant, n’est-ce pas? Vous voulez en savoir plus?

Dans le prochain épisode, je vous donnerai quelques clés pour vous lancer dans l’aménagement de votre premier van. Nous aborderons aussi les questions sociétales liées à la vanlife: rencontrer l’autre, aménager le territoire pour accueillir les vanlifers… Et les questions liées à l’impact écologique de ce mode de vie.

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