22/07/2017
Service, le matin. Après le repas, nous décidons de partir à Bethléhem avec Marie et Elisa. Après un court trajet en bus, nous arrivons au milieu d’une armée de taximen, qui tentent de négocier un trajet (de 5mn en voiture) vers le centre historique, pour 30 shekels par personne (7,5€ environ). Sans leur dire que nous ne sommes pas complètement idiotes non plus, on refuse courageusement leurs tentatives de business! Ils finissent par céder au bout d’un quart d’heure de négociations, en apprenant que nous sommes françaises: « On aime la France parce qu’on sait que vous êtes avec les Palestiniens. Si vous étiez originaires de Russie, ou des américaines, on vous aurait traitées comme des vaches à lait!” On se met en route vers la vieille ville, en traversant un souk animé et haut en couleurs. En passant devant un mémorial couvert de photos, on demande à des jeunes ce qu’il commémore. Ce sont des prisonniers encore enfermés dans les centres pénitentiaires israéliens, certains depuis 1987… Ce mois en Palestine nous aura rappelé si souvent l’omniprésence de cette occupation qui dure depuis 70 ans…
Bethléem et son accueil légendaire
On continue, avec l’idée de faire quelques achats. Plus loin, on entre dans la boutique d’un quadra survolté qui parle couramment français. A des prix très corrects, on lui achète des boucles d’oreilles en forme de copies de pièces palestiniennes d’avant l’occupation. Il nous montre sa collection de monnaies originales, très rares. Il est bien sûr hors de question pour lui de les vendre. Il m’apprend aussi que certains vendeurs font passer de l’artisanat indien pour palestinien. Je me suis fait avoir il y a 7 ans…! On repart avec un tapis fait main à Gaza, en poils de chameau. Suite de la balade. On visite la Grotte du Lait, et l’Eglise de la Nativité, passage obligé pour les touristes. La chapelle de la Nativité est bondée de russes venus se recueillir. On prend en photo un moine orthodoxe qui a une tronche de métalleux, et c’est reparti. A la sortie, on achète deux falafels avant de s’attabler pour boire quatre thés dans le restau de Saïmon, le tout pour 20 shekels. (5€) « Je vous fais une réduction, vous êtes des touristes. » Il refuse même mon pourboire, c’est le monde à l’envers…
Avant de partir, on décide de rechercher un point de vue panoramique que nous avait indiqué Jeannette, à ne pas louper apparemment. On demande notre chemin à un café: « C’est fermé… » Le gérant et un serveur se concertent, avant de nous inviter à les suivre. On nous emmène dans la mairie voisine, avant de demander à un gardien si nous pouvons monter sur le toit. On refuse, par politesse. « Eh quoi! Pas de problème à Bethlehem! » Les filles rient et moi aussi, sa réponse nous détend un peu. On décide de laisser les choses se faire. « SAÏD! » Une voix, venue du premier étage, lui répond : « Ha? – Passe-moi les clés du toit! » Elles tombent mystérieusement du premier étage, et notre interlocuteur nous les remet.
From the river to the sea, Palestine will be free !
« Allez-y, prenez l’ascenceur! » On se dirige donc vers le dernier étage, seules. Une fois en haut, derrière une porte métallique on découvre une terrasse ensoleillée, des fauteuils, et un patio avec une vue panoramique sur la ville…! On prend des photos, ravies. Peu après, Tico remarque une échelle permettant d’aller sur le toit de l’immeuble voisin. On s’y aventure, pour un moment magique. Ma vue se perd dans les collines nues qui entourent Bethléhem, je m’assois les pieds au-dessus du vide. Qu’elle est belle, la Palestine…! Après une nouvelle séance photo, Tico découvre un vieux drapeau palestinien défraîchi abandonné par terre. Ni une ni deux, nous nous improvisons guérilleros, le foulard sur la tête : l’étoffe claque au vent, et on hurle « FREE PALESTINE!« . Éternité.
Un employé de la mairie vient finalement nous demander de descendre. On s’exécute, à contrecœur. En bas, le gardien est toujours assis sur sa chaise: « Vous voyez? Pas de soucis dans la ville de la paix! – Allah Ma’ak! » (Dieu te garde) Le cœur léger, on se met sur le chemin du retour.
Assauts des taximen repoussés une nouvelle fois. Car. Porte de Damas. Le bus pour Ras-Al-Hamud est bloqué par les israéliens, on doit attendre 20h30. Une fois sur le trajet, on aperçoit la police montée israélienne, des ambulances sont stationnées partout. Le chauffeur doit faire un détour par le Mont des Oliviers, dans un trafic intense. On apprend par Rachid, assis à côté de nous, que des musulmans en prière dans la rue se sont fait tirer dessus par des militaires. A ce qu’il en dit, le gouvernement a interdit cette pratique. Le grand mufti de la Mosquée Al Aqsa aussi, s’est fait tirer dessus, et trois personnes sont apparemment mortes dans les affrontements d’aujourd’hui. Merde.
A notre arrêt, on trace pour arriver au Home à 21h. Puis c’est le rituel habituel. Repas, clope, bière et au lit.
A suivre…
Vous n’avez pas lu l’épisode précédent du Carnet de Voyage d’Aya en Palestine ?