Rubrique Chronique de Randos

ALPES DE HAUTE PROVENCE – Le mont Pelat et les trois lacs

Envie d'un petit bol d'air pur sur les hauteurs des Alpes-de-Haute-Provence? Un pas après l'autre... C'est parti pour une randonnée en immersion totale au milieu de la flore et de la faune locale à travers les yeux (et les jambes!) d'Alicia, notre aventurière-randonneuse préférée!
Le Mont Pelat et les trois lacs - illustration de HeyTon's
Illustration de HeyTon's
Rubrique Chronique de Randos

ALPES DE HAUTE PROVENCE – Le mont Pelat et les trois lacs

Envie d'un petit bol d'air pur sur les hauteurs des Alpes-de-Haute-Provence? Un pas après l'autre... C'est parti pour une randonnée en immersion totale au milieu de la flore et de la faune locale à travers les yeux (et les jambes!) d'Alicia, notre aventurière-randonneuse préférée!
Le Mont Pelat et les trois lacs - illustration de HeyTon's
Illustration de HeyTon's

Par Alicia Blanc

J’avais besoin de prendre l’air. Le grand air. C’est pourquoi, ce vendredi, j’ai pris la route et suis partie. Étant étudiante à Digne, je n’ai pas besoin d’aller bien loin pour trouver montagne à mon goût. Pourtant, il existe un endroit que j’affectionne particulièrement, pour sa richesse en histoire et en biodiversité, pour son histoire géologique et sa singularité.

Le lac d’Allos est le plus grand lac d’altitude d’Europe. Il se situe dans les hauteurs de la vallée du Haut-Verdon, dans les Alpes-de-Haute-Provence, et est l’un des lacs les plus touristiques de France et d’Europe. Situé à 2225 mètres d’altitude avec une surface de 54 hectares (entre 40 et 60 selon les sources) et une profondeur de 48 mètres, il est l’élément clé d’un lieu unique et apaisant (hors-saison !). 

Mais après avoir fait deux ou trois randonnées dans les alentours du lac, j’ai eu envie de voir plus grand. Grand comme une montagne qui s’appelle le Mont Pelat…

Me voilà donc partie, seule et pleine de vivacité dans les jambes, remplie d’excitation à l’idée de faire cette randonnée que je prévois depuis des mois. En empruntant la montée qui va vers le lac d’Allos, je me saisis de la fraîcheur (c’est plutôt elle qui me saisit) et du soleil de fin de matinée, dont les rayons se perdent dans les branches des mélèzes du bord du sentier. En arrivant, je suis une fois de plus émerveillée face à la couleur turquoise de l’eau, à la stature des montagnes qui encerclent le lac, aux éclats de lumières à la surface de l’eau. J’entends les oiseaux et quelques cloches de brebis, je sens un air frais qui me caresse les joues. Je reste cinq bonnes minutes à m’imprégner de l’énergie lumineuse du lieu, puis je le quitte pour prendre la direction du sommet. Je passe par ce que j’aime appeler « le vallon des marmottes », un petit coin de paradis où les marmottons jouent, gambadent, et où les gentianes et les lotiers fleurissent pour donner des étincelles multicolores au printemps. 

Une fois que je sors des sentiers que je connais, je deviens Alicia l’exploratrice, je guette les moindres arbres, les moindres plantes qui me livrent des informations sur le milieu. Je marche vite puis je m’arrête, écoutant le bruit de l’eau qui ruisselle dans le creux du vallon et tentant de reconnaître les oiseaux que j’entends chanter. Le vent murmure des mots secrets aux oreilles des arbres. L’herbe est sèche et courte après avoir été pâturée pendant l’été. Les marmottes se figent au bruit de mes pas réguliers. Je cherche du regard le sommet que je m’apprête à gravir, seulement il se cache derrière ses congénères, et du creux de la vallée je ne peux l’apercevoir. Pendant la montée, je joue à reconnaître toutes les plantes que je vois au bord du chemin, je les prends en photo pour alimenter mon herbier numérique. Je suis tellement concentrée sur les plantes que je ne vois pas le sentier défiler sous mes  pas, jusqu’à ce que je me retrouve face à une vue imprenable sur le lac d’Allos. C’est la première fois que je le vois d’en haut dans cette direction, et sans surprise, ça me plaît. 

Je continue à monter, et le poids de ma curiosité botanique me fait ralentir, mais aucune importance à mes yeux (ou mes jambes). J’arrive au premier lac de mon itinéraire, le lac du Trou de l’Aigle (2621 mètres). Enclavé au fond d’un cirque de falaises toutes plus escarpées les unes que les autres, son eau est d’un bleu turquoise et laiteux. Je poursuis la montée et quitte les plantes pour me retrouver au beau milieu des cailloux. Il reste 400 mètres de dénivelé. Je peux voir le sommet désormais : il paraît de plus en plus proche et imposant. La fin de la montée n’est pas facile car j’ai faim et que la tête me tourne un peu. Je me retrouve face à des rochers qui sont érigés à la verticale comme s’ils étaient tout droit sortis de terre, comme s’ils étaient tranchants et en mouvement. Encore deux enjambées, une main pour m’aider pour le dernier pas… 

La vue est à couper le souffle, et c’est littéralement ce qui se passe. Je suis prise d’une émotion si intense à la vue de tous ces géants de montagnes plus impressionnants les uns que les autres que je reste hébétée et immobile. J’ai une vue imprenable sur les Préalpes de Digne, le Mercantour et la Barre des Écrins. Les larmes coulent toutes seules sur mes joues et je sanglote pendant un long moment tellement je suis époustouflée. Je profite du panorama exceptionnel en mangeant, puis au moment de redescendre pour prendre la direction du col de la Petite Cayolle, je me retrouve la tête dans les nuages qui se sont emparés du mont. 

Je reste vigilante pendant la descente, j’essaye de percer les nuages pour voir du plus loin que je peux ; et je me retrouve à fixer un groupe de bouquetins qui pâturent sur le pan de montagne face à moi. J’ai un hoquet d’excitation, je n’en avais encore jamais vu de si près. Me saisissant de mes jumelles, j’en compte quatre sur la crête, ainsi que sept chamois en contrebas. Il faut croire que ces deux espèces se côtoient sans soucis autour des 2700 mètres d’altitude. Je prête mes jumelles à des randonneurs polonais 100 mètres plus bas, qui observaient un autre groupe de cinq chamois se prélassant au soleil, à la sortie des nuages. Tout excitée, le cœur tambourinant dans ma poitrine, je continue la descente au soleil pour rejoindre le sentier qui monte au col. Impatiente de voir d’autres animaux et de découvrir un autre panorama, je marche à allure rapide. Je croise un groupe de randonneurs confirmés (euphémisme pour dire « petits vieux ») qui m’assurent qu’un autre troupeau de bouquetins se tient sur la crête vers laquelle je me dirige. Je profite de la vue du lac de la Petite Cayolle (2588 mètres) et j’entame la marche sur la crête venteuse. 

Bonnet enfoncé sur la tête, j’emplis mes poumons de cet air pur, frais et sec, et mes oreilles d’un silence palpable, comme on n’en trouve presque plus dans nos grandes villes hyperactives. Vingt minutes plus tard, je rejoins le dernier lac de l’itinéraire, le lac des Garrets (2621 mètres). Je suis d’ailleurs surprise que le niveau des trois lacs soit plutôt élevé par rapport à ce à quoi je m’attendais. Une fois passée la dernière montée, je distingue les cornes des bouquetins mâles qui font la sieste dans la pelouse alpine. J’avance prudemment pour ne pas lancer de signal de danger, je n’en crois pas mes yeux (une pensée folle me traverse : je pourrais presque les toucher si je tendais ma main !). J’admire et étudie les courbes de cet animal majestueux et impressionnant. Il est bien moins grand qu’un éléphant ou menaçant qu’un lion ; pourtant face à lui, on n’a d’autre choix que de s’incliner et de le respecter, on est silencieux et on tait même nos pensées tant l’instant présent est délicieux. En continuant le sentier, je me retrouve face aux étagnes (femelles) et aux cabris. Elles sentent un danger et émettent des sons stridents et métalliques. Je me fais petite, j’aimerais être invisible pour pouvoir continuer de les observer. Je baisse la tête et fixe mes pieds, en avançant à minuscules pas, je longe le sentier par le bas et marche dans le pierrier car elles ne bougent pas et continuent de me fixer. Je me demande bien qui était la plus curieuse entre elles et moi. Une fois qu’elles sont derrière moi, je reprends mon souffle et me détends. Soudain, deux autres mâles surgissent de derrière un rocher et je pousse un cri de surprise. Ils continuent leur chemin sans prêter attention à ma présence.

Pendant la longue descente qui a suivi, je me repasse toutes ces images en tête sans parvenir à croire ce que je viens de vivre. Au total, j’ai vu 15 bouquetins et 16 chamois. C’était une expérience magique.

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