Rubrique Carnet de Voyage

La petite fille et l’apprentie Geisha

Aya se souvient de son séjour au Japon lorsqu'elle était enfant. Avec elle, partez à la découverte de Kinkaju-ji, le temple aux mille feuilles d'or niché dans un paisible jardin de Kyoto, où elle a fait une étonnante rencontre...
Aya et la geisha - Illustration de HeyTon's
Illustration de HeyTon's
Rubrique Carnet de Voyage

La petite fille et l’apprentie Geisha

Aya se souvient de son séjour au Japon lorsqu'elle était enfant. Avec elle, partez à la découverte de Kinkaju-ji, le temple aux mille feuilles d'or niché dans un paisible jardin de Kyoto, où elle a fait une étonnante rencontre...
Aya et la geisha - Illustration de HeyTon's
Illustration de HeyTon's

Par Aya Gogishvili

Version audio et dessin en direct disponible ICI!

Si je m’appelle Aya, c’est à cause d’une japonaise venue chez mes parents un an avant ma naissance pour étudier en France. Mon père et ma mère l’avaient accueillie en tant que jeune fille au pair pendant un an chez eux, et un fort lien d’amitié se tissa à cette occasion. Il est vrai qu’Aya était attachante. Ils me racontent encore avec plaisir les blagues pleines d’esprit de cette jeune fille à l’humour vif. C’était donc presque logique : lorsque ma famille se décida à donner un nom à cet embryon d’existence qui grandissait dans le ventre de ma mère, ils choisirent de m’appeler comme cette jeune fille du Soleil Levant. Ils l’avaient beaucoup aimée, et nous sommes d’ailleurs toujours en contact aujourd’hui. Ca ne faisait aucun doute: viendrait un jour le temps où nous irions voir Aya chez elle, à Yokohama.

Voici venue l’année 2000. J’ai huit ans, en plein milieu de l’immense métropole qu’est Tokyo. Autour de moi, le monde est fait de buildings, de gens polis et de hiéroglyphes que je ne sais pas lire. Je ne comprends rien à cette harmonie à la fois technologique et ancestrale qui m’impressionne. Je sais que je suis au pays des pokémons à l’époque de la sortie de la première génération en France, et que les gens y sont très gentils. J’ai des jouets plein les poches, des histoires plein la tête, et un gros pikatchu jaune à la queue décousue toujours scotché sous mon bras.

Ce jour-là, nous partons visiter des temples. Je ne sais plus exactement où se trouve celui-ci en particulier, mais je me souviens de ce qu’on en raconte : il est entièrement recouvert de feuilles d’or, et seuls les moines peuvent y entrer. Les touristes y sont interdits, pour ne pas souiller sa pureté. Le Temple aux Mille Feuilles d’Or est comme un joyau, caché dans un écrin de nature et posé au milieu d’un petit lac. Nous parcourons le parc dans lequel il est situé. Je regarde les fleurs à la fois sauvages et disciplinées du jardin. Je ne ressens rien de particulier, mais au fond de moi je ne suis pas insensible à ce paysage synonyme de paix, un pléonasme de la beauté-même. Il faut bien le dire, aujourd’hui je n’ai presque aucun souvenir de ce jardin qui devait pourtant être féérique. Nous parlons là d’un voyage qui date de presque vingt deux ans. Mais je sais exactement ce que j’ai ressenti en voyant tout le soin apporté à ce jardin.

Malgré moi, un sentiment de paix m’envahit. La petite fille que je suis se sent bien au milieu de toutes ces fleurs. J’ai envie de découvrir l’intérieur du temple brillant comme le soleil. Je m’imagine nager jusqu’au seuil, et enlever mes chaussures pour ne pas souiller son indicible magnificence.

Mais ce ne sont que des rêves, et je ne suis qu’une petite fille aux pensées innombrables avec un Pikachu en peluche sous le bras. En haut de l’escalier qui descend vers les alentours du lac, je contemple mes parents et ma famille de cœur japonaise qui sont déjà en bas des marches de pierre. Je me prépare à les rejoindre lorsque quelqu’un m’attrape le bras. Je me tourne et découvre derrière moi une maïko, une apprentie Geisha. Elle me regarde avec condescendance, son superbe kimono contrastant avec son maquillage blafard. Elle m’impressionne avec ses lèvres couleur sang et ses cheveux coiffés avec soin et technique. Mi-étonnée, mi-flattée, je me retourne vers mes parents pour comprendre ce qui m’arrive. Papa, un sourire aux lèvres, sort son appareil photo. Clic-clac. Le moment est immortalisé sur la pellicule, en plus du souvenir.

Je ne saurai jamais exactement pourquoi cette maïko m’a attrapé le bras ce jour-là. Mais cet instant est resté gravé dans ma mémoire, et j’aime à me le rappeler à chaque fois que je revois cette photo. Une partie de mon enfance, à jamais, restera japonaise.

***

Retrouvez Aya sur son compte Instagram et son blog !

Retrouvez le travail d’Antonin sur son compte Instagram !

Cet article vous a plu ? Partagez-le !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous voulez vivre plus d'aventures ?

C'est par ici :

Voyage annulé
Carnet de voyages

Voyage annulé: comment relativiser?

Ici, on parle beaucoup de voyage. Or qu’en est-il du non-voyage, celui qu’on a longuement préparé mais qu’on ne peut finalement pas faire ? Témoignages de celles et ceux qui sont resté·es à quai.

Lire la suite »

Merci pour ton enthousiasme !

Nous mettons ton consentement au premier plan, donc il te faut encore un clic pour valider ton inscription : dans ta boîte mail doit t’attendre un mail de confirmation d’inscription à la newsletter VETC.

Penses à aller voir dans les spams si tu ne le vois pas ! Et si tu n’as rien reçu d’ici 10 minutes, n’hésite pas à nous contacter :

Et si tout va bien, eh bien tu peux fermer cette fenêtre et continuer à profiter :)