Par Aya Gogishvili
Et c’est ainsi que nos pas nous conduisent devant la petite façade pittoresque du bar londonien Le Grenadier, considéré comme l’un des plus hantés de Londres.
Pendant que mon ami commande une pinte de bière brune, je prends le temps de parcourir les différentes pièces du tout petit pub. Une grande salle compte le bar ainsi que quelques tables. Je n’y ressens rien de particulier. Plus loin, deux petites pièces plus discrètes comptent elles aussi quelques clients. Dans la première, outre une ambiance un peu pesante, rien à signaler non plus. En revanche, en entrant dans la troisième, je me penche instinctivement pour éviter quelque chose qui pend du plafond, de la taille d’un corps. Je me fige sur place, et tourne la tête pour chercher la source de mon ressenti. Il n’y a rien qui pend à la poutre. Mais j’ai bien eu un réflexe, comme si j’allais heurter quelqu’un. Désarçonnée, je reste un instant sur place. Il fait bien plus froid dans cette pièce que dans les autres, sans raison apparente. Fuyant un sentiment de malaise grandissant, je reviens dans la grande salle, pour rejoindre mon ami qui avait fait lui aussi le tour du pub, et commandé de quoi étancher sa soif.
Sur les murs, quelques articles jaunis renseignent sur les chasses aux fantômes qui eurent lieu ici. Je décide d’aller interpeller un serveur : “Pardon Monsieur, est ce que le pub est hanté?” Il me répond le plus simplement du monde : “Oui, il y a des fantômes ici.” Ce qui est naturel et habituel en certains lieux nous paraît extraordinaire lorsqu’on arrive d’ailleurs… Nous discutons de notre voyage et de nos ressentis concernant la bâtisse. Nous sommes fatigués tout de même, et envisageons de rentrer sous peu. Mon ami se lève pour aller aux toilettes, et me laisse seule à ma table. Je ne m’y attendais absolument pas, mais c’est le moment que choisissent les habitants invisibles du lieu pour se manifester.
Je me sens soudainement extrêmement oppressée, comme si quatre ou cinq personnes m’avaient encerclée tout près et chuchotaient successivement à mon oreille. “Listen to me…” Je ne comprends pas tout, mais je peux saisir quelques mots en anglais. “Hey miss…” J’ai juste la force de penser les mots : “Laissez-moi tranquille!”. A ma supplique répond une franche claque donnée sur ma cuisse droite par une main invisible, comme pour me signifier que mes formes généreuses sont appréciées!
Lorsque mon ami revient, il me trouve crispée, blanche comme un linge, et les yeux écarquillés. “Tu veux qu’on parte?” J’acquiesce. Il vaut mieux que je m’en aille, c’est trop pour moi. Devant le bar, il propose qu’on s’assoit sur un banc pour que je reprenne mes esprits. Je commence alors à lui raconter ce qui vient de m’arriver. Alors que j’étais en plein récit, un flash m’arrête brusquement au milieu d’une phrase. Un policier de Scotland Yard, en uniforme des années 1800 approximativement, vient d’apparaître au milieu de la rue. Ce dernier événement précipita notre départ pour rentrer à l’hôtel. Et je n’en fus pas fâchée. Cette soirée fait partie de celles qui m’ont appris qu’il ne faut pas provoquer ce que l’on ne connaît pas, par goût du sensationnel. Et plus encore lorsqu’on n’est pas préparés aux conséquences de notre témérité. Sinon, gare au retour de bâton… Et c’est ainsi que s’achève mon histoire londonienne de fantômes .
Petit rappel: bien que tout le monde ou presque apprécie les histoires de fantômes, elles font bien souvent polémique sur la toile. Nous vivons dans une époque qui chasse le mystère pour l’expliquer à tout prix! Si besoin est, sachez donc qu’il n’est pas question de prouver quoi que ce soit ici par mon vécu. Libre à chacun de croire ou non en ce qu’il souhaite, de toute façon un témoignage ne constitue pas une preuve. Voyez plutôt mon histoire comme un moyen de vous faire rêver (je l’espère), ou du moins frissonner quelque peu…
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